Buenos Aires: Voyager sans être disponible
On dit parfois que voyager, c’est fuir quelque chose ou chercher autre chose. On empile les kilomètres, on change de décor, espérant qu’un nouveau ciel aura le pouvoir de nous réinventer. Il arrive aussi qu’une ville, aussi vibrante, aussi belle soit-elle, nous échappe. Ce n’est pas elle, c’est nous. La destination ne fait pas tout. L’état d’esprit dans lequel on la découvre a un impact sur son expérience.
Buenos Aires m’a surprise par la richesse de son architecture, ses cafés (terriblement chers), ses musées, ses librairies anciennes, ses fresques murales et son esthétique urbaine. Et pourtant, cette. fois ça n’a pas suffit pour que je m’y attache. On peut poser le pied sur son sol, lever les yeux vers ses bâtiments historiques d’influence européenne, et ne rien ressentir. Non par manque de beauté, mais parce qu’en nous, quelque chose s’est refermé.
Voir sans ressentir
Il y a des voyages qu’on entreprend sans être prêt, sans être disposé à recevoir. Des départs qui ressemblent à des fuites. On espère que changer de lieu apaisera. Mais on arrive chargé de pensées confuses, d’attentes floues, de ce poids invisible que ni l’architecture coloniale, ni les galeries d’art, ni les rues stylisées, où le maté ne peuvent alléger.
La tristesse est une forme d’exil intérieur. À Buenos Aires, elle m’a semblé plus aiguë. La ville est belle, mais distante, presque indifférente à ceux qui viennent de l’extérieur. Et lorsqu’on n’est pas disponible, elle peut devenir presque froide. Ce qui touche certains peut nous laisser indifférent, sans raison apparente. On comprend que c’est beau, mais on ne le ressent pas…
Musée national des beaux-arts d'Argentine
Voyager ne fait pas toujours disparaître le mal, il le déplace. Et parfois, rester chez soi est la meilleure option. Celle qui réconforte et sécurise. Ce que la ville donne dépend souvent de ce qu’on est prêt à recevoir.
Il faut parfois rentrer sans avoir vraiment vu. Sans avoir goûté ce qu’un lieu avait à offrir. Ce n’est pas un échec, c’est une étape, je pense. Le voyage ne soigne rien par magie. Il faut plus que du dépaysement pour se recentrer.
Alors on repart, un peu déçu peut-être, mais plus lucide. Ce n’était pas le bon moment, voilà tout. Un jour, peut-être, on y retournera. Et cette fois-là, elle nous reconnaîtra. La ville n’a pas manqué de beauté, elle en déborde, mais elle n’a pas su me toucher cette fois.
À bientôt, peut-être… Buenos Aires. La prochaine fois, j’espère être vraiment là.